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La seconde guerre mondiale

Le roi Michel de Rouamnie

Lors de la seconde guerre mondiale la Roumanie agira comme toutes les puissances menacées par le nazisme : sa politique tentera de concilier le maintien des relations avec l'Occident avec les gages donnés à l'Allemagne (les accords de mars 1939 lui livrent le pétrole roumain). Mais après l'anéantissement de la Pologne et l'occupation de la France la seule option est celle de l'alignement sur l'Axe. Ce qui mènera en quelques mois au démembrement de la Grande-Roumanie : aux termes du pacte Ribbentrop-Molotov, l'URSS prend la Bessarabie et exige aussi la Bucovine du Nord en 1940, le diktat de Vienne concède à la Hongrie une grande partie de la Transylvanie et, enfin, le traité de Craiova rend la Dobroudja méridionale à la Bulgarie.
Sous le maréchal Ion Antonescu, qui force Carol II à abdiquer au profit de son fils Michel (septembre 1940) la Roumanie devient un Etat "national et légionnaire" Horia Sima, le successeur de Corneliu Codreanu, va perpétrer pendant quelques mois un régime de terreur (persécution des juifs, assassinat de l'historien et de l'homme politique Nicole Iorga).
Lors de l'avancée allemande en URSS la Roumanie se joint à elle pour récupérer la Bessarabie, mais elle avancera jusqu'à la Stalingrad.
Seulement le 23 août 1944 s'opère le changement radical de camp, lorsque le jeune roi Michel destitue et fait arrêter le maréchal Ion Antonescu. La situation sur le front amène la Roumanie à l'armistice avec l'URSS (12 septembre 1944). Le roi rétablit la Constitution et forme un gouvernement dirigé par le général Sanatescu ; néanmoins une nouvelle confrontation se profile entre le roi et les forces démocrates d'une part et les communistes et Moscou de l'autre. Ces derniers réussiront, au bout de trois ans à faire abdiquer le roi Michel le 30 décembre 1947.
La Roumanie était entrée dans un processus irréversible de soviétisation. Si la Transylvanie réintègre les frontières roumaines, la Bessarabie et la Bucovine sont placées sous la souveraineté soviétique. Le Quadrilatère de la Dobroudja demeurera Bulgare.
C'est dans une ambiance de complète désorganisation politique, économique et sociale que se réalise la prise du pouvoir par les communistes. Déjà en 1945, Moscou avait imposé au roi Michel le pro-communiste Petru Groza, dirigeant du Front des laboureurs, qui forme le nouveau gouvernement. L'armée est épurée. Les élections de 1946, manipulées, truquées, marquent la victoire écrasante des forces de gauche du Front National Démocratique (les

Ion Antonescu

libéraux obtiennent trois sièges). Suit l'épuration des ministères, l'évacuation du roi, l'arrestation et la condamnation des grandes figures de l'opposition.
Les acteurs communistes de cette conquête du pouvoir étaient pue nombreux en 1944, mais formés dans les luttes ouvrières et antifascistes des années 30 ou directement par Moscou (Ana Pauker, Emil Bodnaras, Walter Roman). Le parti élit à sa tête en 1945 Gheorghe Ghorghiu-Dej, homme de terrain qui a connu la prison. Certains militants, comme le jeune Nicolae Ceausescu viennent de milieux ouvriers pauvres ; Lucretiu Patrascanu lui, appartient à l'élite intellectuelle. Le parti pratiquera une politique de recrutement très large passant d'un millier de membres à environ 800.000 en 1948.
La Roumanie est devenue un pays satellite de Moscou. Le traité de paix signé le 10 février 1947 et le traité bilatéral avec Moscou en février 1948.
L'alignement de Bucarest sur Moscou s'est manifesté à plusieurs reprises pendant la période où Gheorghe Ghorghiu-Dej a été au pouvoir. Suite à la condamnation de la Yougoslavie de Tito par le Kominform l'accusation de titisme devient un des instruments de la politique de terreur menée en Roumanie. L'Eglise Uniate est victime de cette politique, mais aussi les représentants des partis historiques et certains communistes de la première heure (Lucretiu Patrascanu).
La Roumanie devra devenir un pays "industriel et agraire" avancé, dont le pilier serait la classe ouvrière.
La collectivisation des campagnes, lancée en 1949, n'a atteint que 7,2 % des terres en 1952 (92 % de l'ensemble des terres était représenté par la petite propriété).
Dans les premières années de la décennie 1950, la soviétisation bat son plein : diffusion massive de livres russes, la norme, dans le domaine culturel, est le réalisme socialiste, l'histoire célèbre les Soviétiques…
Lors des événements de Hongrie 1956, la Roumanie condamne avec force le révisionnisme fasciste des insurgés hongrois. Dej, disciple sûr de Staline, puis de Khrouchtchev, fait de son pays un allié solide de Moscou, ce qui lui permet de demander le départ des troupes soviétiques encore stationnées sur le territoire roumain en 1958.
Les dernières années de la décennie 1950 enregistrent une légère ouverture et détente intérieure (libération des détenus politiques en 1963 et 1964, échanges avec l'Ouest dès 1959).
Cette évolution est la preuve du pragmatisme d'un parti qui a mûri, qui a investi l'ensemble des rouages de l'Etat et de la société et dont l'élite souhaite la fin de la terreur, comme forme d'autopréservation. 20% des membres du parti ont fait déjà l'objet d'une purge destinée à chasser les " opportunistes".
La maturité acquise par le parti explique les relatives audaces de Bucarest dans ses rapports avec Moscou.
Bucarest refuse ainsi, au sein du Comecon, la fonction essentiellement agricole qui lui est assignée. Avril 1964 voit la publication d'un document majeur de l'histoire du communiste roumain concernant les principes de l'internationalisme et du mouvement ouvrier qui impliquent le droit de chaque parti à poursuivre son développement sans aucune ingérence extérieure.
Sur le fond de la crise sino-soviétique, Bucarest signe avec la Chine un accord commercial en 1963, tout en suivant fidèlement, dans les Balkans, les lignes de la politique soviétique (coexistence pacifique et détente ; par ailleurs la position roumaine concernant les Balkans montrera une continuité sans faille, concrétisée au début des années 80 par un projet de dénucléarisation des Balkans avancé par les Roumains).
À l'intérieur du pays, les succès économiques enregistrés renforcent la légitimité du régime ; à côté de cela, la mise en avant de l'intérêt national tout en poursuivant une logique moscovite explique en partie le ralliement au régime de larges fractions de la population.
 
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