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Corneliu Vadim Tudor

Président du parti Romania Mare (la Grande Roumanie)

 La Transition, asociatie romania franta, franta romania, latransition, association

 

Né à Bucarest, le 26 novembre 1949, dans une famille ouvrière. En 1971 il obtient sa licence à la Faculté de Philosophie de l'Université de Bucarest, avec des travaux sur la Sociologie des Religions. En 1975 il suit les cours de l'Ecole des Officiers Réservistes de Bucarest. Entre 1978 et 1979, il bénéficie de la bourse du prix international Herder ; il étudie l'histoire à Vienne, comme étudiant extraordinaire.
Il travaille dans la presse : au début dans la rédaction de la publication Romania Libera-Magazin (le magazine "la Roumanie libre") et, à partir de 1975, comme rédacteur à l'agence roumaine de presse Agerpress. Après 1989, il crée des publications "Romania Mare" et "Politica", à tendance ouvertement nationaliste. Il est directeur et propriétaire de ces publications.
Entre 1992 et 1996 il est sénateur.
Aux élections présidentielles de novembre 1996, il occupe la cinquième place sur 16 candidats.
Il a publié plus de dix volumes de poésies, certains édités aussi en français, anglais ou arabe ; il a aussi écrit des pièces de théâtre. Il maîtrise parfaitement l'italien, le français et l'anglais.
Aux élections présidentielles de 2000 il a été battu au deuxième tour par Ion Iliescu. Néanmoins, la montée de l'extrémisme qu'il représente est inquiétante dans la perspective des élections présidentielles de 2004.
Vadim Tudor représente aujourd'hui un courant national-populiste fort qui s'inscrit dans la lignée du national-communisme roumain de Ceausescu. Il s'agit d'un nationalisme agressif, fermé, ancré au niveau des masses et sans une forte assise issue d'un débat intellectuel. Anarchique et peu constructif, c'est un nationalisme-populiste qui "joue" avec la perception émotionnelle-passionnelle du politique. La base électorale de Vadim Tudor est plutôt formée de classes moyennes, d'anciens membres du PC. Son mouvement est plutôt urbain et touche les masses (dans un mélange entre le culte du dictateur Ceausescu, son national-communisme et une sympathie manifeste pour le populisme autoritaire d'avant 1945, opéré par le leader).
Le langage xénophobe, le fort accent raciste et antisémite sont récupérés du programme de la Ligue sous Horia Sima (le mouvement légionnaire au moment de sa radicalisation et de son rapprochement de Hitler).
Le mythe de la conspiration juive et capitaliste occupe une place importante dans le discours, souvent vulgaire, adoptée par Vadim Tudor dans les pages de son hebdomadaire "Romania Mare". Son succès électoral (deuxième place aux présidentielles de 2000) s'explique d'ailleurs par l'agressivité de son discours, par la brutalité de son langage, les solutions simplistes qu'il propose, le côté sécurisant du régime autoritaire qu'il envisage. Son soutien électoral a augmenté par l'approbation explicite accordée aux manifestations les mineurs du début 1999 (la presse roumaine a considéré que des mineurs ont changé de maître, de Ion Iliescu à Vadim Tudor).
Apparu sur la scène politique en 1991 le PRM s'est fait remarquer par ses positions radicales adoptées dans l'hebdomadaire"Romania Mare". L'apogée de ce caractère radical et accusateur est atteint en 1998 dans une véritable offensive dénigrante du pouvoir en place. Le point culminant est touché quand M. Tudor s'implique, en février 1999, dans les contestations des mineurs, par un discours qui suppose l'anéantissement de l'ordre de l'Etat et la prise du pouvoir avec l'aide de la masse des mineurs.
Son discours, exprimé dans une grande immoralité verbale (ses opposants sont décrits comme ennemis mortels) se prétend d'une grande moralité. C'est à partir des événements que l'on vient d'évoquer que le PRM et son leader commencent à être mis à l'écart dans le paysage politique roumain. Le PRM est menacé d'une mise hors la loi et déjà l'immunité parlementaire du leader a été levée ; plusieurs procès pour diffamation l'ont comme principal accusé.
Le populisme de Corneliu Vadim Tudor opère l'identification avec les intérêts du peuple contre la "cliqueélitiste" au pouvoir ; le leader se veut le chantre de la roumanité du pays en proposant la protection des intérêts économiques et politiques de la Roumanie. Dans les documents du parti les mots "patrie" et " pays" apparaissent en majuscules ; un des objectifs majeurs, dans cette logique est de refaire la Grande Roumanie, avec la Bucovine et la Bessarabie, condamnant ainsi les traités de bon voisinage conclus avec l'Ukraine et la Moldavie. Les territoires en question sont considérés "abandonnés" par le régime Constantinescu.
Corneliu Vadim Tudor condamne aussi la collaboration avec l'UDMR, parti de la minorité hongroise, qui tient "un discours ségrégationniste".
Les ennemis, ce sont aussi les gitans et les juifs. Le PRM a proposé à plusieurs reprises la création d'un Comité National pour la Recherche des Activités Antiroumaines. Ce discours est doublé par un autre discours, socialisant et sécurisant, qui prône le recours à la force pour garantir l'ordre est arrêté le chaos, la corruption et l'anarchie.
Le populisme de Vadim Tudor reprend le côté communautaire de la gauche et le discours classique de l'extrême-droite (xénophobie, racisme, antisémitisme, violence). Il s'inscrit dans la continuation du populisme autoritaire de la Garde de Fer dans l'entre-deux guerres, avec l'aspect égalitariste et sécurisant du nationalisme de Ceausescu. La violence, son caractère antidémocratique l'isole dans le paysage politique roumain car il représente une véritable menace pour la démocratie roumaine.
La consolidation difficile de la démocratie, la crise économique et ses effets pervers alimentent et offrent un terrain propice à ce type de mouvement. Les masses qui bénéficient de ressources insuffisantes pour faire face à la transition ont adhéré à cette idéologie (35 %). La gravité des problèmes sociaux locaux est directement proportionnelle à l'adoption d'une attitude conservatrice par rapport aux réformes, aux changements liés à l'économie de marché et à la démocratie. Il s'agit des habitants de petites et les moyennes villes (probablement plus particulièrement des femmes et des personnages âgées) qui seraient plus ouvert au langage populiste. Dans un tel mouvement, le leader charismatique se pose en Sauveur ayant trouvé la Solution (des formules simplistes) pour guérir cette société en crise.
Le nationalisme est utilisé non pas comme au début du siècle comme base de l'unité nécessaire à la modernisation, mais comme justification du contournement des transformations politiques, économiques et sociales radicales.
Le populisme promu par le PRM par l'intermédiaire de son leader, un populisme antisystème déclaré, institutionnalisé sous la forme d'un parti, représente une véritable menace pour la stabilité démocratique par son penchant pour la violence et l'agressivité. L'élection de Ion Iliescu, le 10 décembre 2000, comme président de la Roumanie, au détriment de Corneliu Vadim Tudor (arrivé en deuxième place avec 29,8 % des votes) a évité certainement l'isolement de la Roumanie par rapport à l'Europe, à l'OTAN et, peut-être, une guerre civile.

 
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